4. Au diapason

Les sociétés musicales s'inspirent de l'idéal de la famille avec des règles que formalisent leurs statuts et une tradition intangible.
Au XIXe siècle, les associations sont soumises à une autorisation préfectorale y compris pour leurs déplacements en application de l'article 291 du Code pénal. La loi de 1901 sur la liberté d'association réduit ces contraintes à une simple déclaration en préfecture des statuts et de leurs modifications comme de la composition du bureau.

Elles bénéficient de la caution des personnalités locales qui leur servent de guides juridiques et de bailleurs de fonds en contrepartie de quelques privilèges (concerts privés, invitations…).

L'établissement de liens entre les formations musicales et les municipalités se manifeste, pour celles-ci, par l'octroi de subventions, et pour celles-là, par l'attribution de la présidence d'honneur au maire et la création d'une commission administrative chargée d'en contrôler le fonctionnement.

L'organisation de l'harmonie est fortement hiérarchisée : un chef assisté d'un sous-chef qui dirige la section fanfare, un secrétaire, un trésorier, un archiviste pour la gestion des partitions, etc. Ces derniers composent le plus souvent le bureau de la formation.

Etre sociétaire est un honneur qui appelle des devoirs : assister régulièrement aux répétitions, représenter dignement la formation dans toutes les circonstances et adhérer à des symboles communs (uniforme, insigne et bannière). La fidélité au mouvement orphéonique (30 ans au moins) est récompensée par l'attribution d'une médaille d'honneur créées par les départements (ainsi dans la Marne en 1904) puis par la médaille d'honneur des sociétés musicales et chorales instituées au plan national en 1924. Les instrumentistes peuvent toutefois s'adjoindre le concours ponctuel de musiciens rémunérés au cachet pour des circonstances exceptionnelles.

Les harmonies et les fanfares se regroupent en de multiples fédérations dans la première moitié du XXe siècle : nationales (la Confédération musicale de France est créée en 1903, l'Union artistique et intellectuelle des chemins de fer en 1938), régionales, départementales (en 1909 pour la Marne), voire cantonales (en 1928 pour celui d'Epernay). A l'égal des autorités, elles décernent, elles aussi, des médailles pour bons et loyaux services.