CARTES ET PLANS DANS LES CATALOGUES

Dans son rapport de 1969 sur la Bibliothèque municipale de Châlons-en-Champagne, le conservateur de l'époque, Jean-Marie Arnoult, notait que le fonds des cartes et plans étaient dans "un état de conservation très mauvais", qu'ils n'avaient pas "reçu de meilleur traitement que les estampes" et qu'ils "méritaient un inventaire et un classement". Il ajoutait qu'en dépit d’un " grand intérêt des cartes et plans du 18 et 19ème siècle", ils demeuraient un « gigantesque jeu de puzzle inutilisable ». Non répertoriés, les cartes et plans ont longtemps fait partie de la part invisible des fonds des bibliothèque sauf les atlas traités comme des monographies. Il faut souligner au passage que la majorité des cartes et plans n'étaient pas initialement des documents isolés mais le plus souvent compilés dans des atlas ou des atlas factices.

Ces remarques illustrent le peu d’intérêt qu’ont longtemps suscité les fonds autres que les livres dans les bibliothèques publiques. Les registres d’inventaires du XIXème siècle sont le plus souvent fort discrets sur eux. Dans ceux de Châlons du XIXème et du début du XXème siècle, les cartes et plans ne sont pas distingués des estampes, voire des monographies et des périodiques.

L’inventaire de la bibliothèque Garinet (donnée à la ville en 1882) distingue une rubrique « cartes et plans ». La plupart intègrent collections par don et les premières entrées au registre d’inventaire qui peuvent être considérées comme achats datent de 1894. Il s’agit d’un atlas et de deux cartes d’Etat Major.

Outre des conditions de conservation et de communication qui posent problème en raison des formats, la pertinence de l'inventaire et du catalogage des cartes et plans, comme des autres documents iconographiques, leur a longtemps valu d’être négligés. La première rédaction de règles de catalogage des documents iconographiques date de 1942 à la Bibliothèque nationale de France, et le premier volume de la bibliographie des atlas, cartes, plans et globes reçus à la Bibliothèque nationale au titre du dépôt légal, nommé Supplément E de la Bibliographie nationale de 1948.

La description bibliographique des documents cartographiques est normalisée depuis 1991 par la norme Z44-067 suite aux travaux initiés en 1977 sur la description bibliographique internationale normalisée, ISBD (CM). Les documents cartographiques sont définis comme donnant une représentation totale ou partielle de la Terre ou des corps célestes.

Le catalogage informatisé permet une description approfondie de la localisation. Une indexation fine se révèle précieuse pour les recherches et facilite la communication au public. La cotation adoptée par les bibliothèques est très souvent adaptée à la couverture locale des fonds. Les localisations par fonds et formats se combinent généralement avec ce choix thématique.

A ce jour, la base bibliographique de référence reste BN-OPALINE de la Bibliothèque nationale de France, base des "non-livres" organisée en sept sous-bases thématiques : arts du spectacles, cinéma, estampes et photographie, manuscrits littéraires français du XX ème siècle, monnaies, médailles et antiques, musiques et enfin cartes et plans.

Régis Dutremée,
Directeur de la Bibliothèque Georges Pompidou (BMVR) en 2005
de Châlons-en-Champagne