Interbibly s’associe en 2024 au 3e prix du Goncourt des détenus.
Créé et porté par le Centre national du livre (CNL), opérateur du ministère de la Culture et le ministère de la Justice, sous le patronage de l’Académie Goncourt, le prix Goncourt des détenus souhaite rendre les personnes détenues actrices d’un prix littéraire. Ce prix donne l’opportunité à près de 600 détenus de se plonger dans une lecture passionnée, de développer leur esprit critique et de faire entendre leur voix à travers l’élection d’un lauréat parmi les 16 auteurs sélectionnés par l’Académie en 2024.
Le centre pénitentiaire de Lavau, dans l’Aube, fait partie des 45 établissements participants. L’équipe d’Interbibly ira y présenter le 5 novembre 2024 deux livres de la sélection : Jour de ressac de Maylis de Kerangal et Dors ton sommeil de brute de Carole Martinez.
Les 15 et 16 février 2024, Marion Collé, poétesse et circassienne, intervenait au centre de détention de Villenauxe-la-Grande, dans l’Aube. L’occasion de partager avec les détenus son recueil de poésie « Être fil » et de les inviter à mettre des mots sur ce qui les traverse.
C’est devant un parterre d’une quinzaine d’hommes que Marion Collé commence à déclamer ses poèmes à voix haute, en rythme. Un lundi matin pas comme les autres au sein de la bibliothèque de la prison de Villenauxe-la-Grande. Tant pour l’artiste que pour le public, impatient de découvrir cette femme qui vient du « dehors ». « Les détenus de Villenauxe-la-Grande se sentent vraiment isolés car il n’y a rien autour. Alors quand quelqu’un arrive de l’extérieur, avec une proposition, ça fait du bien, c’est l’extérieur qui rentre », souligne Marion Collé rompue à l’exercice des interventions en milieu pénitentiaire. La poétesse ressent tout de suite l’attention, l’envie de son public. « Il y a un enjeu très fort de passer du temps hors de la cellule, d’être ensemble, avec un rapport au temps à faire passer », ajoute-t-elle. La performance de Marion Collé fait son effet. Certains relèvent la musicalité de ses déclamations mémorisées, s’apparentant à du slam.
L’après-midi annonce le temps des ateliers. Ils seront sept. Au programme, écrire une suite poétique sur le sujet de leur choix. Des ateliers minutieusement préparés par Marion Collé : « J’écris des suites, des gros poèmes blocs avant d’intervenir ». Puis sur place, à l’aide des dictionnaires et des livres trouvés dans la bibliothèque, les apprentis poètes tâtonnent, s’inspirent. Trouver des mots, pour « travailler autour de la sensation », voilà ce que Marion Collé souhaite pour eux. Des outils identiques à ceux qu’elle utilise dans son processus de création, empreint de liberté. « On n’est pas là pour leur donner des mauvais points. Il n’y a aucun rapport d’autorité, de loi. On ne juge pas. Cela a un effet apaisant », se réjouit l’autrice.
Le deuxième jour voit mûrir des mots, des poèmes, empreints d’une forte musicalité. L’un écrit sur l’amour, un autre sur son parcours qui l’a mené ici, encore un autre écrit en phonétique. Tous sont impliqués et partagent avec plaisir, en s’écoutant. « J’ai senti qu’ils avaient écrits pour eux », relève Marion Collé. Pari réussi. D’autant que trois d’entre eux pensent continuer à écrire en cellule. « La prison te renvoie le monde violent, injuste. C’est important d’intervenir dans ces endroits. Ca sert à se poser des questions », pointe la poétesse, avant d’ajouter « Plusieurs des détenus allaient bientôt sortir, avec pleins d’envies pour la suite. C’est la question de la réinsertion qui se pose ». Chargée d’émotions mais aussi de réflexions, Marion Collé assure poursuivre ses interventions en milieu carcéral afin de continuer à aider l’autre à lire en lui-même, avec un simple stylo.
Découvrez le poème « JE SAUVE » de Marion Collé, extrait du recueil « ÊTRE FIL » (éditions Bruno Doucey, 2018) :
JE SAUVE L’INTÉGRALITÉ DU BLEU
LE SOLEIL, SES REFLETS
JE RECUEILLE LE TEMPS PRÉCIEUX
J’EMPOCHE LES SOUVENIRS
JE RETOURNE LE SABLIER
J’EMBRASSE LES COUSINS
JE REGARDE LE SOLEIL SE LEVER
JE REGARDE ENCORE LE SOLEIL SE LEVER
AU LOIN.
JE SAUVE
LA BEAUTÉ, LE SENSIBLE
JE REJETTE L’ÉPOQUE
JE REJETTE LE NOIR
JE REJETTE LA MORT
JE GARDE L’ESPOIR COMME CIBLE
ET JE SAUVE AUSSI AU CREUX DU RIC
- FAILLES ET FISSURES
- BOURRASQUES ET TEMPÊTES
TOUS LES VENTS QUI TRAVERSENT
LE CORPS ET LA TÊTE
JE SAUVE LES COULEURS DANS L’ANGOISSE
LE DÉSIR DANS L’IMPASSE
LA MUSIQUE
LA LUMIÈRE
LA PRÉSENCE DU BONHEUR
CACHÉ EN PROFONDEUR.
JE T’EN FAIS SERMENT
JE SAUVERAI NOS JOIES DE VIVRE
DES TERREURS DU PRÉSENT
FRAGILE COMME UNE BOUGIE
TENACE COMME UNE GUERRIÈRE
JE RESTERAI DEBOUT DANS LA NUIT
ET JE FERAI SON AFFAIRE
À LA MÉLANCOLIE.
Le prochain recueil de poésie de Marion Collé, « Traverser les murs opaques », paraîtra le 31 août 2024 aux éditions Bruno Doucey.
Ces interventions sont organisées par Interbibly, en partenariat avec le SPIP de l’Aube et de la Haute-Marne.
Pour cette 14ème édition du concours, les détenus ont planché sur le thème « Le monde d’après ». MND, lauréat du Centre de détention de Villenauxe-la-Grande dans l'Aube (10), voit son travail de création récompensé par le prix du scénario.
« Il l’a eu ! » c’est avec ces mots, remplis de joie et de fierté, que Caroline Oudart, directrice d’Interbibly, a annoncé la bonne nouvelle de la récompense de MND au Festival de la bande-dessinée d’Angoulême. Une récompense rendue possible grâce au projet Culture Justice en partenariat avec le service pénitentiaire d'insertion et de probation Aube-Haute-Marne (SPIP) et grâce à une équipe pluridisciplinaire : l'auteur BD Youssef Daoudi, Hervé Georget, bibliothécaire à la bibliothèque départementale de l'Aube, Marieke Brocard, cheffe de projet prison, le personnel du centre de détention de Villenauxe-la-Grande, le personnel du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et Interbibly.
Les 12 ateliers animés par l'écrivain et bédéiste Youssef Daoudi ont permis à 4 détenus de réaliser des planches de BD sur le thème « Le monde d’après » et de concourir à l’édition 2022-2023 du concours Transmurailles. 4 planches BD de grande qualité et pour lesquelles les détenus se sont beaucoup investis entre chaque atelier. C’est ce qui leur a permis d'arriver chacun au bout de leur projet créatif.
Bravo à MND et bravo également aux 3 autres détenus ayant participé au concours. Leurs planches feront l'objet d'une brochure à découvrir bientôt.
Avec ce projet, les BD de Youssef Daoudi ont été intégrées au fonds de la bibliothèque carcérale et chaque détenu participant a reçu une BD dédicacée.
De août à octobre 2022, l’auteur Youssef Daoudi anime douze ateliers BD en direction de détenus du centre de détention de Villenauxe-la-Grande dans le cadre du projet Culture Justice, en partenariat avec le service pénitentiaire d'insertion et de probation Aube-Haute-Marne (SPIP).
C'est grâce à un travail d'équipe constituée de l'auteur BD Youssef Daoudi, Hervé Georget, bibliothécaire à la bibliothèque départementale de l'Aube, Marieke Brocard, cheffe de projet prison, du personnel du centre de détention et Interbibly que ce nouveau projet d'intervention en milieu pénitentier a pu voir le jour cette année.
Pour démarrer cette opération, une rencontre littéraire ouverte à tous a été programmée le 31 août 2022 avec l'auteur au sein de la bibliothèque carcérale. Animé par Hervé Georget, ce temps d'échanges a permis d'évoquer les étapes de la création, la liberté de "plonger dans la page blanche pour y raconter des histoires" et inviter les intéressés à poursuivre.
Durant deux semaines, à raison de trois jours par semaine, sept détenus ont participé à des ateliers BD animés par l'écrivain et bédéiste Youssef Daoudi, déjà intervenant l'année dernière dans ces mêmes lieux, également dans le cadre du projet Culture Justice. La première semaine était consacrée à la conception de l'histoire et à la maîtrise de l'écriture scénaristique, le découpage, les dialogues (ou le texte narratif). La deuxième semaine était consacrée à la réalisation des planches de BD.
Quatre planches réalisées par quatre détenus devraient naître sur le thème "Le monde d'après" afin de participer au concours Transmurailles 2022-2023, en partenariat avec le festival international de la BD d'Angoulême. Un concours qui permet aux personnes détenues de développer des savoir-être (créativité, expression personnelle, travail en équipe) et des compétences en dessin, en écriture de scénario ou en narration. Autant d'atouts utiles à leur réinsertion sociale et professionnelle à l'issue de leur incarcération.
Soucieux de les aider le plus possible dans leur travail de création, Youssef Daoudi a présenté aux créateurs en herbe les maquettes de son prochain album BD "Last on his feet : Jack Jackson and the battle of the century" à paraître aux Etats-Unis en février 2023. Une belle suprise pour le groupe qui a pu s'inspirer de son travail. Une restitution est prévue le 19 octobre 2022 à la bibliothèque carcérale à travers l'exposition des planches et un échange libre autour de l'expérience des participants.
Bio-express :
Youssef Daoudi dessine, écrit, adapte la musique jazz, l’aviation, les courses automobiles ou le roman noir. Son dernier roman graphique écrit est d’abord paru aux Etats-Unis en anglais avant de sortir en France : Monk ! Thelonious, Pannonica… une amitié, une révolution musicale est remarquable de finesse, de rythme et il a rencontré un succès mérité. Sélectionné aux Will Eisner awards 2019, prix de l’académie du jazz et meilleur livre jazz de 2018. Avec l’adaptation de la Trilogie Noire de Léo Malet, Mayday ou Ring, il a réalisé une dizaine de BD aux éditions Casterman, Glénat et Fluide glacial. Il travaille en ce moment sur un projet de création soutenu par le Centre National du Livre.
Mis en place dans le cadre du développement de la lecture pour tous les publics, ce projet est financé par la DRAC Grand Est et les services du ministère de la justice, avec le soutien du SPIP Aube-Haute-Marne, dans le cadre de l’appel à projets « Culture-Justice » en partenariat avec la médiathèque départementale de l’Aube.
Vous êtes une structure culturelle ou un artiste intéressé par ce type de projet ?
>> Retrouvez l'appel d'offre "Culture justice 2023"
Huit ateliers BD sont programmés en septembre 2021 au centre de détention de Villenauxe-la-Grande avec l’auteur Youssef Daoudi. Initialement prévus en 2020, année de célébration de la bande dessinée à travers « toute la France dessine ! », les ateliers ont dû être reportés en raison de la crise sanitaire.
La patience de l’auteur, des équipes du service pénitentiaire d'insertion et de probation Aube-Haute-Marne (SPIP), du personnel du centre de détention, des bibliothécaires de la médiathèque départementale de l’Aube ont fini par payer.
Un groupe formé de six détenus va participer à une série de huit ateliers animés par l’écrivain et bédéiste Youssef Daoudi. Au programme, des échanges autour de l’art de la bande dessinée. L’occasion de sensibiliser les détenus au 9e art et de les inviter à créer une planche. Ce travail réalisé durant les ateliers permettra aux détenus de participer au concours Trans-murailles, reporté lui aussi à l’automne 2021. Une remise des prix est prévue en janvier 2022 lors du festival international d'Angoulême.
En attendant, les livres de Youssef Daoudi ont intégré la bibliothèque carcérale et le matériel patiente dans un carton. C’est sur les conseils avisés du libraire spécialisé « Le Bidibul », à Troyes, que nous avons invité, Youssef Daoudi, auteur aubois, à participer à ce projet.
Bio-express :
Youssef Daoudi dessine, écrit, adapte la musique jazz, l’aviation, les courses automobiles ou le roman noir. Son dernier roman graphique écrit est d’abord paru aux Etats-Unis en anglais avant de sortir en France : Monk ! Thelonious, Pannonica… une amitié, une révolution musicale est remarquable de finesse, de rythme et il a rencontré un succès mérité. Sélectionné aux Will Eisner awards 2019, prix de l’académie du jazz et meilleur livre jazz de 2018. Avec l’adaptation de la Trilogie Noire de Léo Malet, Mayday ou Ring, il a réalisé une dizaine de BD aux éditions Casterman, Glénat et Fluide glacial. Il travaille en ce moment sur un projet de création soutenu par le Centre National du Livre.
Mis en place dans le cadre du développement de la lecture pour tous les publics, ce projet est financé par la DRAC Grand Est et les services du ministère de la justice, avec le soutien du SPIP Aube-Haute-Marne, dans le cadre de l’appel à projets « Culture-Justice » en partenariat avec la médiathèque départementale de l’Aube.
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